Grâce à l'agence de voyage qui m'avait organisé mon séjour à Lhassa, j'ai disposé d'un guide tibétain parlant un excellent anglais pour toutes les visites. Et j'ai donc pu apprendre beaucoup aussi bien sur le Bouddhisme que sur la culture tibétaine.
D'ailleurs, tous les Tibétains ne sont pas Bouddhistes. Certains ont gardé la religion animiste qu'ils avaient avant l'arrivée du Bouddhisme : la religion Bön. Et c'est de la combinaison du Bouddhisme tantrique venu d'Inde et de cette religion Bön qu'est née le Bouddhisme tibétain.
Etre Bouddhiste :
Les moulins à prières. Il suffit de les faire tourner en passant pour réciter les prières qui sont inscrites dessus :
Des Bouddhistes faisant leurs prosternations devant l'entrée du Temple Du Jokhang. Et ils peuvent faire cela pendant des heures, en prenant juste une pause de temps en temps pour reprendre des forces :
D'autres préfèrent faire les prosternations en tournant autour du Temple dans le sens des aiguilles d'une montre. Et c'est impressionnant de voir la façon dont ils se jettent à terre après avoir marqué trois temps :
Les très célèbres petits drapeaux de couleurs qui portent chance, prospérité et bonheur aux habitants de la maison qu'ils dominent. Il y en a de 5 couleurs, représentant les 5 éléments (5 parce que pour les Tibétains la flore est un élément) :
Et même lorsqu'ils marchent dans la rue, les fidèles Bouddhistes continuent de tourner le moulin à prière :
Lhassa est très clairement une ville sainte, comme peuvent l'être Rome ou La Mecque. Et la dévotion et la ferveur des Bouddhistes qui viennent prier ici est incroyable. Tellement que cela devient presque gênant d'entrer dans les mêmes temples où ils se prosternent sans fin, ou même simplement de les regarder prier devant les lieux sacrés ou dans la rue.
Des Tibétains partent en pèlerinage pendant trois ans pour arriver enfin à Lhassa. Quand ils y arrivent, ils sont recouverts de poussières, exténués, le front noir à force de se prosterner jusqu'à terre, sans argent ce qui les obligent à mendier pour pouvoir survivre. Et leur nombre est impressionnant, surtout en hiver quand les nomades viennent à Lhassa pour fuir le froid des montagnes himalayennes.
Un mot sur le Dalaï-Lama. Mon guide m'a expliqué que les Tibétains n'avaient aucune information sur leur chef spirituel. Ils ne savent absolument pas ce qui se passe entre les gouvernements chinois et tibétain en exil. Mais tous le respectent énormément, et quelque part attendent son retour, sans trop y croire.
Etre Tibétain :
C'est tout d'abord boire la "Lhassa Beer", officiellement nommée "Beer from the roof of the world" et effectivement brassée sur les hauteurs de Lhassa :
C'est aussi ne connaître que le yaourt au lait de yack, que la tradition veut que l'on consomme dans un pot en bois :
Ici, à gauche des pommes de terre avec du mouton, en haut des saucisses au riz et viande de yack, à droite de la viande hachée de yack recouvert de purée, et en bas du pain :
De braves Tibétains en costume traditionnel qui ont essayé de me saouler à la Bière de Lhassa :
Source d'un petit incident diplomatique d'ailleurs. En partant, je les ai remercié en chinois et ils m'ont aussitôt coupé en me faisant comprendre qu'ils détestaient parler chinois et qu'il ne fallait pas parler chinois, et finalement m'ont appris à dire 'merci' en tibétain.
Source d'un petit incident diplomatique d'ailleurs. En partant, je les ai remercié en chinois et ils m'ont aussitôt coupé en me faisant comprendre qu'ils détestaient parler chinois et qu'il ne fallait pas parler chinois, et finalement m'ont appris à dire 'merci' en tibétain.
Et la statue des deux yacks d'or, puisque le yack est très important pour les Tibétains car il fournit tout, c'est-à-dire le lait, la viande, l'huile, du combustible et les vêtements :
Dernier point sur les Tibétains. On a beaucoup parlé des émeutes et des manifestations du début d'année. Mon guide m'a apporté son point de vu sur la question.
En fait, ce sont les Tibétains qui ont commencé. Ils reprochent aux enseignes de magasins de préférer le chinois au tibétain. Aussi ont ils décidés d'arracher toutes les enseignes où l'écriture chinoise était plus importante que l'écriture tibétaine, et finalement ont entrepris d'arracher et de brûler toutes les enseignes des commerçant chinois. Ils en profitaient aussi pour dévaliser les magasins et mettre le feu à leur butin en pleine rue. Les militaires chinois ont donc commencé à protéger les commerces, et comme cela devenait difficile d'arracher les enseignes, les Tibétains ont décidé de mettre le feu aux magasins chinois (feu qui d'ailleurs se propageait aux étages supérieurs, étages occupés par des Tibétains, enfin bref). En répression, les militaires chinois ont emprisonné les fautifs, et plus largement tous les Tibétains qui leur passaient sous la main. Et donc pour finir, les moines tibétains sont descendus dans la rue pour protester contre les violences faites aux Tibétains.
Voilà la version tibétaine.
Mon guide m'a expliqué que la principale préoccupation des Tibétains n'était pas la présence chinoise en elle-même (rappelons qu'elle a libéré un peuple asservi par un servage féodal très dur et en même temps apporté la modernité aux Tibétains) mais plutôt la disparition de leur culture. La culture tibétaine est en effet aussi ancienne et aussi riche que la culture chinoise ou indienne, et à cause de la sinisation du Tibet, elle risque de disparaître. Voilà pourquoi les Tibétains n'ont pas aimé que je les remercie en chinois, et aussi pourquoi certains Tibétains ont violemment réagi contre les enseignes de magasin privilégiant le chinois contre le tibétain.
Enfin, tout cela reste un sujet très sensible au Tibet, et il a fallu du temps à mon guide avant de vouloir en parler, même si en anglais personne ne pouvait le comprendre.
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