vendredi 12 décembre 2008

Tibet (Xizang) : Le Temple Du Jokhang

Si le Potala est un haut lieu de Lhassa, le Temple du Jokhang reste le principal lieu spirituel de la ville, et même le centre spirituel du Tibet.
Le temple a été construit par l'empereur Songtsen Gampo (celui du Potala) pour commémorer son mariage avec la princesse chinoise Tang, Wengcheng, en 639. C'est le premier temple bouddhiste qui fut construit au Tibet.
Aujourd'hui, il recèle des trésors comme une statue en or de Bouddha qui aurait été sculptée de son vivant. Mais encore une fois il était interdit de prendre des photos à l'intérieur, et d'ailleurs vue la foule de pèlerins qui s'y trouve, je ne sais pas si j'aurais osé sortir mon appareil. D'autant qu'à l'intérieur l'atmosphère est vraiment incroyable, émanant d'une impressionnante ferveur des fidèles venus prier.


Une vue générale du Temple depuis la place qui porte son nom :

Les vendeurs d'objets religieux :

Une foule de pèlerins qui se prosternent devant l'entrée du temple :

Depuis la cour intérieure :

Le toit doré du balcon où l'empereur avait l'habitude de se montrer :

Sur le toits du Temple :



Le Temple a été étendu depuis sa création pour recevoir des logements pour les moines, sûrement pour autre chose, ce qui fait un mélange étonnant et superbe de style indien, tang et tibétain :




La roue du darma (symbole bouddhique) entouré par deux daims :

Un moine bouddhiste, parce qu'il en fallait un, même s'il n'y en a pas beaucoup dans les rues de Lhassa :

Les toits du temple :

Un mur de l'extension du temple de pur style tibétain :

La colonnade de la cour intérieure :

La porte d'entrée du temple :

A l'intérieur d'une maison tibétaine accolée au temple :


L'intérieur du temple est constitué d'une pièce principale où les moines se réunissent pour prier (et continuent à le faire puisque le temple est encore en activité) autour de laquelle se trouvent des dizaines de minuscules chapelles abritant des statues diverses. Chapelles dans lesquelles les pèlerins se pressent pour glisser un billet d'un mao devant la statue d'un empereur ou d'un roi pour qu'il veille sur eux, ou encore verse de la graisse (sûrement de yack) pour alimenter les lampes qui brûlent en permanence. 
Et encore une fois c'est dommage qu'il n'y ai pas les photos de l'intérieur du temple, qui comme le Potala est très richement décoré, et comprend des statues uniques et magnifiques. Même si toutes les photos du monde ne pourraient pas retranscrire l'impression qui saisit le visiteur quand il découvre la beauté du lieu et la ferveur des Tibétains qui y viennent.

Tibet (Xizang) : Etre Bouddhiste et Tibétain

Grâce à l'agence de voyage qui m'avait organisé mon séjour à Lhassa, j'ai disposé d'un guide tibétain parlant un excellent anglais pour toutes les visites. Et j'ai donc pu apprendre beaucoup aussi bien sur le Bouddhisme que sur la culture tibétaine.
D'ailleurs, tous les Tibétains ne sont pas Bouddhistes. Certains ont gardé la religion animiste qu'ils avaient avant l'arrivée du Bouddhisme : la religion Bön. Et c'est de la combinaison du Bouddhisme tantrique venu d'Inde et de cette religion Bön qu'est née le Bouddhisme tibétain.


Etre Bouddhiste :

Les moulins à prières. Il suffit de les faire tourner en passant pour réciter les prières qui sont inscrites dessus :

Des Bouddhistes faisant leurs prosternations devant l'entrée du Temple Du Jokhang. Et ils peuvent faire cela pendant des heures, en prenant juste une pause de temps en temps pour reprendre des forces :

D'autres préfèrent faire les prosternations en tournant autour du Temple dans le sens des aiguilles d'une montre. Et c'est impressionnant de voir la façon dont ils se jettent à terre après avoir marqué trois temps :


Les très célèbres petits drapeaux de couleurs qui portent chance, prospérité et bonheur aux habitants de la maison qu'ils dominent. Il y en a de 5 couleurs, représentant les 5 éléments (5 parce que pour les Tibétains la flore est un élément) :

Encore des Bouddhistes faisant leurs prosternations devant le Potala :

Pendant que d'autres tournent autour en agitant leurs moulins à prière :

Et même lorsqu'ils marchent dans la rue, les fidèles Bouddhistes continuent de tourner le moulin à prière :


Lhassa est très clairement une ville sainte, comme peuvent l'être Rome ou La Mecque. Et la dévotion et la ferveur des Bouddhistes qui viennent prier ici est incroyable. Tellement que cela devient presque gênant d'entrer dans les mêmes temples où ils se prosternent sans fin, ou même simplement de les regarder prier devant les lieux sacrés ou dans la rue.
Des Tibétains partent en pèlerinage pendant trois ans pour arriver enfin à Lhassa. Quand ils y arrivent, ils sont recouverts de poussières, exténués, le front noir à force de se prosterner jusqu'à terre, sans argent ce qui les obligent à mendier pour pouvoir survivre. Et leur nombre est impressionnant, surtout en hiver quand les nomades viennent à Lhassa pour fuir le froid des montagnes himalayennes. 
Un mot sur le Dalaï-Lama. Mon guide m'a expliqué que les Tibétains n'avaient aucune information sur leur chef spirituel. Ils ne savent absolument pas ce qui se passe entre les gouvernements chinois et tibétain en exil. Mais tous le respectent énormément, et quelque part attendent son retour, sans trop y croire.


Etre Tibétain :

C'est tout d'abord boire la "Lhassa Beer", officiellement nommée "Beer from the roof of the world" et effectivement brassée sur les hauteurs de Lhassa :

C'est aussi ne connaître que le yaourt au lait de yack, que la tradition veut que l'on consomme dans un pot en bois :

C'est s'habiller comme ça :

C'est prendre un thé noir au beurre de yack entre amis ou en famille :


C'est aussi une cuisine très particulière :

Ici, à gauche des pommes de terre avec du mouton, en haut des saucisses au riz et viande de yack, à droite de la viande hachée de yack recouvert de purée, et en bas du pain :

De braves Tibétains en costume traditionnel qui ont essayé de me saouler à la Bière de Lhassa :
Source d'un petit incident diplomatique d'ailleurs. En partant, je les ai remercié en chinois et ils m'ont aussitôt coupé en me faisant comprendre qu'ils détestaient parler chinois et qu'il ne fallait pas parler chinois, et finalement m'ont appris à dire 'merci' en tibétain.

L'apport de la présence chinoise sur les Tibétains :

Et la statue des deux yacks d'or, puisque le yack est très important pour les Tibétains car il fournit tout, c'est-à-dire le lait, la viande, l'huile, du combustible et les vêtements :

Dernier point sur les Tibétains. On a beaucoup parlé des émeutes et des manifestations du début d'année. Mon guide m'a apporté son point de vu sur la question.
En fait, ce sont les Tibétains qui ont commencé. Ils reprochent aux enseignes de magasins de préférer le chinois au tibétain. Aussi ont ils décidés d'arracher toutes les enseignes où l'écriture chinoise était plus importante que l'écriture tibétaine, et finalement ont entrepris d'arracher et de brûler toutes les enseignes des commerçant chinois. Ils en profitaient aussi pour dévaliser les magasins et mettre le feu à leur butin en pleine rue. Les militaires chinois ont donc commencé à protéger les commerces, et comme cela devenait difficile d'arracher les enseignes, les Tibétains ont décidé de mettre le feu aux magasins chinois (feu qui d'ailleurs se propageait aux étages supérieurs, étages occupés par des Tibétains, enfin bref). En répression, les militaires chinois ont emprisonné les fautifs, et plus largement tous les Tibétains qui leur passaient sous la main. Et donc pour finir, les moines tibétains sont descendus dans la rue pour protester contre les violences faites aux Tibétains.
Voilà la version tibétaine.
Mon guide m'a expliqué que la principale préoccupation des Tibétains n'était pas la présence chinoise en elle-même (rappelons qu'elle a libéré un peuple asservi par un servage féodal très dur et en même temps apporté la modernité aux Tibétains) mais plutôt la disparition de leur culture. La culture tibétaine est en effet aussi ancienne et aussi riche que la culture chinoise ou indienne, et à cause de la sinisation du Tibet, elle risque de disparaître. Voilà pourquoi les Tibétains n'ont pas aimé que je les remercie en chinois, et aussi pourquoi certains Tibétains ont violemment réagi contre les enseignes de magasin privilégiant le chinois contre le tibétain.
Enfin, tout cela reste un sujet très sensible au Tibet, et il a fallu du temps à mon guide avant de vouloir en parler, même si en anglais personne ne pouvait le comprendre.

jeudi 11 décembre 2008

Tibet (Xizang) : Lhassa

Oui, parce que comme finalement je n'aurais pas quitté Lhassa, je vais dire quelque mot sur cette superbe ville.
Tout d'abord, il faut savoir que la ville est clairement découpée en 2 secteurs : le secteur tibétain, à l'Ouest, vieux et typique de l'architecture tibétaines, et le secteur chinois, à l'Est, récent et moche (typique de l'architecture chinoise actuelle en fait).

La ville encerclée par les montagnes himalayennes. Et malgré l'altitude, il ne fait pas si froid à Lhassa en décembre grâce au soleil (et voilà pourquoi les Tibétains ont tous les pommettes et le nez brûlés par le soleil), par contre la nuit on sent venir la glace des sommets alentours :

Le centre-ville (s'il y en a réellement un), des maisons tibétaines avec des magasins chinois :

Une vue d'ensemble de la partie chinoise, depuis le Potala :


Re-le centre-ville :


Et là la partie tibétaine, qui fait le tour du Temple Du Jokhang. Et tous les stands ne vendent pas des souvenirs pour touristes mais des objets de culte (moulins à prière, livre, écharpe, vêtements, ...) nécessaires à un Bouddhiste qui vient finir son pèlerinage à Lhassa :

Les toits de la partie tibétaine :

Idem, avec le Potala au fond :

Petite parenthèse, la ville grouille de militaires chinois qui assurent l'ordre, comme celui-ci, perché sur un toit de la partie tibétaine :

Encore les toits :


La Place Barkhor vue depuis le Temple du Jokhang :

Les petites rues de la partie tibétaine qui font le tour du Temple :


Une maison traditionnelle de Lhassa (si on enlève les magasins) :


Et en face du Potala, à l'autre bout de la place, les Chinois n'ont pas manqué de construire cet obélisque, dont les deux sculptures à gauche et à droite parlent d'elles-mêmes :

Car, et en s'en rend compte très vite, Lhassa, comme tout le Tibet, était, est et restera chinois :

Et encore le Potala, vu depuis les toits tibétains :

A la tombée du jour :

Et même de nuit :

Lhassa est vraiment une ville magnifique (si on oublie le quartier chinois) qui a gardé son architecture traditionnelle. Se balader dans les rues du quartier tibétain et croiser des Tibétains en tenue traditionnelle en train de faire tourner leur moulin à prière donne vraiment l'impression de retourner dans le passé, car à part les enseignes de magasins, rien ne donne à penser que le Tibet est chinois ou que la modernité s'installe de plus en plus dans les foyers tibétains.