Avec Justine et Elodie, mes amies de Sciences Po à Beiwai, je suis allé passer le week-end dans la (petite) ville de Datong, au nord du Shangxi.
Célèbre pour ses grottes, la ville est maintenant un des plus grands centres miniers de Chine. On y extrait du charbon, ce qui en fait une ville extrêmement polluée. Heureusement, avec les JO de Beijing, les autorités chinoises ont bloqué l'activité minière de Datong. Donc on a pu profiter du ciel bleu sans (trop) souffrir de l'habituelle pollution au souffre.
Nous sommes partis le samedi soir, dans le train de 23h30. Train couchette donc, qui permet de dormir pendant les 8 heures de train, et surtout de collecter quelques renseignements sur la ville. En fait, ce week-end a été organisé en 2 jours, donc on partait avec nos deux guides de voyages, un billet aller-simple, et voilà... Heureusement, un étudiant qui revenait chez lui nous a bien aidé en nous expliquant les lignes de bus de Datong et en nous disant quel hôtel choisir.
Arrivés le dimanche matin à 6h30, nous sommes immédiatement allés réserver la chambre de l'hôtel, qui s'est avérée être confortable, simple et pas chère. Le temps de déposer nos sacs, de prendre un petit déjeuner (sans café par contre...) et nous étions partis pour le monastère suspendu.
C'est là que ça commence à devenir drôle. Après avoir pris un premier bus pour aller à la gare routière de Datong comme nous l'avait expliqué l'étudiant chinois, on a du monter dans un minibus plus que rustique pour faire une partie du trajet. Il nous a laissé dans une station-service à 5 kilomètres du monastère. Il a donc fallu payer un Chinois pour qu'il nous conduise là-bas.
Le temps de visiter le monastère, et il fallait trouver une autre voiture pour retourner à la station-service. Le même Chinois qui nous avait emmené se proposer de nous ramener, mais pour un prix supérieur à l'aller. Comme ils savent que si on refuse on est bloqué au monastère, tous les chauffeurs qui font le trajet surtaxent le retour. Donc on a pas eu trop le choix, il fallait bien qu'il nous ramène. Retour à la station-service donc, petit trajet en bus et nous voilà de nouveau à Datong.
Petit mot sur Datong.
La ville est vraiment différente de Beijing, pas parce qu'elle est beaucoup plus petite, mais parce qu'il n'y a pas la même superposition de neuf et d'ancien. Le centre-ville est incroyablement bien préservé, avec un vieux temple encore en activité, et les traditionnels hutongs qui ici tiennent encore debout.
Le temple de Datong :
Et les hutongs, vieilles maisons traditionnelles à cours carrées séparées par de petites ruelles sinueuses :
(et ça, je peux vous affirmer que c'est du Chinois 100% typique : le vélo, le hutong, la cigarette et le costume sans âge, sombre et sale, c'est un grand classique chinois)
Mais la ville apparaît être extrêmement pauvre. Tout est sale, en mauvais état, gris et mal agencé. Les routes sont pleines de nids-de-poules, les trottoirs dallés sont remplis de trous, les murs et les maisons/immeubles tombent en ruines.
On a profité du marché aussi :
Et quelques chose que les photos ne peuvent pas montrer, c'est l'odeur caractéristique des villes chinoises. Déjà à Beijing on le remarque, mais à Datong c'était vraiment impressionnant. C'est un mélange très particulier de cuisine, de fumées diverses et variées, de poissons en décomposition à la fin des marchés, des ordures qui cuisent au soleil, ... C'est vraiment une odeur très spéciale, souvent insupportable, qui vous rappelle à tout moment que vous êtes en Chine.
Les habitants de Datong se sont révélés être beaucoup plus agréables que leurs compatriotes pékinois. Ils ont été nombreux à nous aider, malgré notre (très) faible niveau de chinois (même si Elodie nous a souvent sauvé). D'ailleurs, contrairement à ce que j'avais pensé, il était beaucoup plus simple de comprendre les habitants de Datong que ceux de Beijing. En effet, ils n'ont presque aucun accent et faisaient des efforts visibles pour parler lentement, ce que les Pékinois ne feront jamais.
Ils sont surpris de rencontrer des Occidentaux mais au lieu de les mépriser comme les Pékinois le font, ils vont venir leur parler pour utiliser les 2 ou 3 mots d'anglais qu'ils connaissent. Les enfants surtout étaient très drôles. Ils venaient nous dire "Hello! How are you?" avec un regard étonné puis repartaient tout content. La population dans son ensemble (exceptés les chauffeurs de bus et de taxi, qui sont d'une malhonnêteté sans limite) a été fort sympathique.
La Fête de la Lune (ou Fête de la mi-automne)
Très importante en Chine, et plus généralement en Asie, elle se déroule la nuit de la pleine lune. J'ai cru que c'était lors de l'équinoxe d'hiver, mais peut-être pas. Enfin bref, c'était donc la pleine lune. Les Chinois se retrouvent en famille pour célébrer cette fête en mangeant des gâteaux de lune, c'est-à-dire des gâteaux de forme ronde et de couleur dorée, comme la Lune. Ils en profitent aussi pour faire exploser des pétards devant leur maison, pour, je pense, faire fuir les mauvais esprits. C'est d'ailleurs en attendant de voir un Chinois mettre le feu à ses pétards soigneusement répartis dans la rue qu'on a eu l'excellent surprise de le voir rentrer chez lui et revenir les mains remplies de gâteaux de lune pour nous les offrir. J'ai donc pu tester le gâteau de lune, qui est bon mais pas top.
On a profité de cette fête pour se mêler à la population chinoise qui a occupé les rues pendant la soirée. Et c'était très intéressant de vivre cette grande fête populaire dans une ville restée traditionnelle et simple, loin des lumières de Beijing.
Après une bonne nuit passée dans un lit dur comme du bois, nous avons réglé l'hôtel et sommes parti pour les grottes de Yungang. Il a fait incroyablement chaud pour une journée de septembre, ce qui permet d'expliquer le paysage qui encercle la ville.
Datong se trouve à l'extrême limite du désert mongol. Les seuls arbres qui poussent ont été plantés récemment par les autorités chinoises qui voulaient ralentir la progression du désert et protéger Beijing des tempêtes de sable. Sinon, il n'y a que des montagnes couleurs sables, avec un peu de végétation sur leurs pentes. Les habitations sont faites en briques et recouvertes de terre. A vrai dire, je ne m'attendait pas du tout à voir ce genre de paysage si près de Beijing, et de manière générale en Chine.
Petit exemple, remarquez les gorges creusées sans doute par une rivière aujourd'hui à sec :
C'est ce type de paysage que l'on retrouve sur toute la route entre Datong et Beijing, avec du côté de Beijing d'imposantes montagnes.
Nous sommes revenus en bus à Beijing. Pour cela, il a fallu montrer nos passeports aux policiers qui gardent toutes les entrées de la ville, et aussi fallu espérer très fort que le chauffeur ne perdre pas le contrôle de son bus.
En tout cas, malgré toute la patience dont il faut faire preuve pour comprendre et se faire comprendre des Chinois pour ne pas se faire avoir à chaque achat, c'était un excellent week-end, très dépaysant. Finalement, je pense que je me suis vraiment rapproché de la population chinoise en m'écartant de la capitale, et en rencontrant des Chinois simples, sympathiques et encore proches de leurs traditions, car relativement épargnés de l'invasion de la culture occidentale et des grands buildings de verre et d'acier.