jeudi 21 août 2008

L'arrivée Et Les Premiers Jours

Mon arrivée en Chine constituait le point le plus angoissant pour moi lors de mon départ. Il fallait que je fasse toutes les démarches en chinois, alors que mon niveau, initialement très faible, ne s'est pas arrangé avec les vacances. Je comptais donc beaucoup sur l'anglais de mes interlocuteurs chinois.

La première déception arrive dans le taxi, quand le chauffeur m'apprend qu'il ne parle pas un mot d'anglais. Enfin, pour un taxi c'est normal. On lui demande pas d'être bilingue pour conduire. Cela dit il aurait pu prendre des cours de conduite, ça m'aurait évité les multiples frayeurs réglées à coups de klaxon. Le chauffeur a quand même essayé de me parler pendant tout le trajet, c'est-à-dire une bonne heure, pendant laquelle je n'ai pu que répondre "Wo bu dong" (je ne comprend pas, phrase que j'avais longuement apprise avant de partir). J'ai quand même réussi à lui dire que je venais de Paris (j'ai abandonné Rennes pour pas encore compliquer la chose) et que j'allais apprendre le chinois à Beiwai.

Le trajet de l'aéroport à Beiwai se fait essentiellement sur le 3ème périphérique, donc pas tout près du centre-ville, perdu au milieu d'immeubles anciens, neufs ou encore en construction. Cela donne un patchwork très hétéroclite, et assez déconcertant. On est bien loin des avenues Haussman, bien perpendiculaires avec des immeubles tous semblables. 

Le taxi m'a déposé devant l'entrée majestueuse de la fac. Après avoir réglé mes 100 yuans pour le trajet (10 euros pour une heure de taxi...) je suis donc entré pour la première fois dans la fac où je vais passer l'année qui arrive. En me baladant entre les bâtiments pour trouver le dortoir ou le bureau des étudiants internationaux, j'ai été étonné par l'activité de la fac. Pas beaucoup d'étudiants en vue, mais des familles, des vieux, des policiers, ... En fait le campus n'est pas du tout réservé aux étudiants, tout le monde y vient pour déjeuner, faire la sieste ou un peu de sport. Et au milieu les étudiants, qui sont pour la plupart encore en vacances.

J'en étais là de mes observations quand un chinois, visiblement préoccupé par mes allées et venues, a décidé de me venir en aide. C'était d'ailleurs le premier chinois que j'ai vu, et le seul jusqu'à maintenant, qui parlait anglais. Il m'a bien aidé en trouvant le dortoir pour moi. Le temps de remplir plusieurs formulaires et j'étais dans ma chambre. J'avais envoyé un fax de France pour réserver une chambre qui était resté sans réponse, je craignais donc de devoir dormir à l'hôtel les premiers jours ou au fond d'une cave, mais ils en avaient visiblement pas grand chose à faire. Ma lettre d'admission à Beiwai m'a ouvert toutes les portes. J'ai même pu choisir ma chambre, dans un immense dortoir incroyablement mal fait. Pour sortir et revenir dans ma chambre, je n'ai pour l'instant jamais du utiliser le même chemin. Enfin, j'ai un an pour m'en sortir.

Après avoir posé mes affaires et remarqué que je n'avais pas internet, j'ai décidé de faire un tour pour pas me morfondre tout seul sur mon lit. En revenant devant le dortoir, j'ai croisé les premiers occidentaux depuis mon arrivée. Ils sont espagnols et passent deux mois à Beiwai pour les vacances. Je lie connaissance avec un espagnol super sympa qui m'invite à déjeuner au coréen du coin (le seul restaurant dans le campus est coréen, me demandez pas pourquoi). On a donc déjeuné ensemble. Ils m'a appris pas mal de trucs sur la vie à Beiwai, notamment le fait que personne, même au bureau international, ne parle anglais... 
Pour le côté pratique, il m'a emmené dans une cave obscure dans un coin perdu de la fac pour que j'achète ma connexion internet. Il était tellement bien caché que j'aurais pu passer un an sans jamais le trouver si personne ne me l'avait montré. Il a fallut que je présente mon passeport pour avoir la connexion. Donc me voilà fiché par la police informatique de Chine. J'éviterai donc de trop parler de la région à l'ouest de la Chine, d'un certain régime politique et de ce qui a été déclaré par nos braves révolutionnaires un beau jour de 1789. A moins que je ne sois complètement parano, je ne sais pas, mais j'ai pas envie de tenter le diable. 

Il me reste donc à acheter un portable chinois, dont le prix dépend en parti des chiffres du numéro d'appel. Le "8", porte bonheur chinois coûte cher alors que le "4", qui se prononce comme le nom "mort" porte malchance. J'aurais donc sûrement un numéro qu'avec des "4" et comme ça aucun chinois n'osera m'appeler et je serais tranquille.

Voilà, maintenant j'attend que les occidentaux arrivent, et j'en profite pour bosser un peu mon chinois. Parce qu'à la longue ça devient horrible de ne pas pouvoir parler et de ne répondre qu'en faisant un sourire gêné en haussant les épaules...

2 commentaires:

Max B. a dit…

Haha je t'imagine tellement dans le taxi à anonner "wo bu dong wo bu dong" en l'écoutant à moitié, en train de regarder le paysage chinois défiler par la vitre!

je suis dans un cybercafé à Paris, et une chinoise est justement en train d'engueuler son fils à côté de moi!

Je pars demain matin pour Shanghai!
Take care!
Max

jean a dit…

merci mon rital pour toutes ces infos croustillantes!! je suis content que les débuts n'aient pas été trop difficiles et que tu te mettes petit à petit au parfum de la Chine. je vois aussi que l'image de Beijing donnée à l'occasion des JO est très (trop) loin de la réalité....enfin!!
bon courage pour la suite de ton installation!!
wen
jano